Comité
de quartier de La Balme
Exploitation
et extension de la décharge: évaluation du risque pour la
santé
Octobre
2003
Méthodologie détude réalisée
par le Comité de Quartier.
Dans ce rapport, la santé est définie
selon la Constitution de lOrganisation Mondiale de la
Santé
(Article 1) comme un état complet de bien-être
physique, mental et social.
Nous avons réalisé une analyse
bibliographique à partir dune requête auprès de la
«National Library of Medecine » qui rassemble, dans une
base de données accessible électroniquement, les publications
scientifiques et médicales publiées dans le monde entier entre
1966 et nos jours. Lanalyse a été effectuée à partir
des résumés figurant dans la base de données et à partir de
lintégralité des articles lorsquils nous étaient
accessibles, en particulier sous forme de documents
électroniques.
Lintégralité des documents
analysés a été remise à lenquêteur.
La qualité des publications a été
expertisée par contrôle de limpact factor (ISI Joumal
citation reports), outil de llnstitute for Scientific
Information pour classer, évaluer, catégoriser et comparer les
journaux scientifiques et médicaux.
Résultats et discussion
Lanalyse bibliométrique met en
évidence lintérêt de la communauté scientifique et
médicale pour les sujets touchant à limpact des
décharges sur la santé et particulièrement sur la santé des
populations vivant dans leur voisinage.
Linterrogation « landfill site
» a permis la sélection de 132 références.
Linterrogation « waste
facilities health » a permis la sélection de 297
références.
Linterrogation « waste facilities
health nsk» a permis la sélection de 78 références.
Exploitation et processus biologiques de
dégradation des composés
Les procédés de gestion des exploitations
et les processus biologiques de dégradation des composés
déposés en décharge sont très bien connus. Toutes les études
montrent une oertaine homogénéité dans les procédés mis en
oeuvre pour exploiter les décharges et dans lanalyse des
composés liés à lexploitation de telles installations:
- dans lair
ambiant,
- dans les
lixiviats,
- dans les sols,
- dans la chaîne
alimentaire liée aux productions réalisées à proximité.
La production des bio-gaz et leur
composition sont, en particulier, largement rapportées dans la
littérature. La nature des polluants générés par les
décharges est bien connue. La notion de déchets ménagers
napporte pas, qualitativement, de sécurité supérieure à
la notion de déchets industriels quant aux polluants,
particulièrement atmosphériques, liés aux produits de
dégradation.
Les effets sur la santé nont été
colligés quà partir détudes épidémiologiques
concemant les populations vivant à proximité des décharges
pour lesquelles la méthodologie de lenquête était
décrite afin de garantir la fiabilité des observations. Il
existe un contraste marqué entre le respect supposé des valeurs
seuils dont le dépassement nest que très
exceptionnellement noté (le manque denregistrements en
continu est, par ailleurs, souligné) et la liste des effets
néfastes constatés sur les populations examinées.
Une prévalence élevée de symptômes non
spécifiques est notée dans les enquêtes épidémiologiques :
fatigue, maux de tête, somnolence, irritation de la gorge,
difficultés respiratoires, affections dermatologiques
On retrouve dans la littérature des effets
néfastes pour les populations voisines des installations qui
constituent un risque potentiel caractérisé par une
hypofertilité, une hypotrophie foetale et des effets
tératogènes divers dont le spina bifida. Un rôle tératogène
est attribué aux métaux lourds, aux pesticides, et aux
composés aromatiques aliphatiques ou cycliques qui peuvent aussi
avoir, en outre, une activité de type oestrogénique. Le niveau
de risque est assimilé au niveau du risque tabagique pendant la
grossesse.
Plusieurs études montrent des risques
élevés de développer, dans le voisinage des exploitations, des
cancers variés (foi, rein, pancréas, voies biliaires, estomac,
poumons, vessie, lymphomes, ...).
Des désordres psychiatriques ont été
décrits. Ils ont été attribués à lenvironnement
défavorable (bruit, odeurs, vue) constitué par les
installations.
Toutes les études épidémiologiques dignes
de confiance (3 de ces études proviennent de revues (Lancet et
British Medical Joumal) dont limpact factor est
exceptionnel) font état de difficultés méthodologiques
inhérentes à ce type denquête. Cela retentit sur les
conclusions qui soulignent plus une corrélation entre laugmentation
de la prévalence des pathologies et lhabitat de proximité
quune relation causale au sens strict, impossible à
établir. Les difficultés principales sont liées:
- à la structure
des registres supports de linformation;
- au manque de
spécificité de la plupart des pathologies évoquées;
- à une
prévalence (heureusement!) faible pour certaines pathologies qui
conduit à un large intervalle de confiance autour de la
probabilité et qui induit des difficultés pour montrer une
différence significative;
- la difficulté
de constituer des populations témoins;
-
le nombre élevé de facteurs confondants;
-
la définition des limites de voisinage (entre 1,5 et 3 Km);
-
léchelle de temps de lexposition.
Malgré celà, dans leurs conclusions, les
auteurs des travaux présentés, insistant sur la difficultés
détablir une imputation causale, recommandent une grande
prudence devant ces observations. Parmi les hypothèses
expliquant ces observations préoccupantes, figure en particulier
lévocation deffets synergiques de facteurs qui sont
impossibles à considérer isolement
Impact médiatique des enquêtes
épidémiologiques
Limpact médiatique des enquêtes
épidémiologiques a été jugé à travers la campagne
organisée par les médias en Grande Bretagne autour du travail
publié, en 2001, dans le BMJ portant sur le risque
danomalies congénitales pour les populations vivant au
voisinage des remblais. Limpact a été, semble-t-il, très
important en suscitant dans la population une inquiétude qui
perdure à ce jour (site internet de la BBC).
Conclusion de létude bibliographique
Lanalyse de la littérature
scientifique conduit à une solide présomption de savoirs qui
mettent en évidence un risque indéniable pour les populations
vivant dans le voisinage des décharges.
Position du Comité du quartier de La Balme
En ne tenant compte que de limpact sur
la santé,
- attendu
que la décharge exploitée par le SYVROM est en tout point
comparable aux installations de ce type,
- attendu
que lanalyse de la littérature scientifique conduit à une
solide présomption de savoirs qui mettent en évidence un risque
indéniable pour les populations vivant dans le voisinage des
décharges,
- attendu
que, comme pour beaucoup dautres situations (plomb, ozone,
nitrates,...), la probabilité que les valeurs admissibles de
concentrations de polluants soient revues à la baisse dans un
délai inférieur à la durée de vie de la décharge,
- attendu
quil existe, dans le voisinage, des causes de pollution
indéniables (exploitation simultanée dune carrière,
empoussièrement, trafic routier, ...) susceptibles
daggraver le risque potentiel dune installation
agrandie,
- attendu
quaucune étude du risque deffets synergiques entre
polluants na été entreprise pour lexploitation
actuelle et pour le projet dagrandissement,
-
attendu que, le voisinage, défini selon les critères de la
littérature scientifique, fait état dune population
concernée conséquente par le nombre de logements (sociaux ou
copropriétés), par une zone dactivités, par un ensemble
de locaux accueillant dune manière quasi permanente des
enfants, des adolescents ou des jeunes adultes (collège, lycée,
terrain de sport,...), le Comité de Quartier de La Balme exprime
sa plus vive inquiétude sur lexploitation actuelle et sur
le projet dagrandissement qui fait lobjet dune
enquête. Il demande larrêt de lexploitation
actuelle et, par là même, de surseoir à son agrandissement.
A
défaut. le Comité interroge les élus et lautorité de
tutelle sur les mesures prises pour préserver à court, moyen et
long termes la santé des populations résidant à proximité.